top of page

ALTERMONDE

Regard d'Actu


Ce jeudi 29 juillet 2021 est le jour du dépassement ! Autrement dit nous avons depuis le début de l’année déjà consommé toutes les ressources que notre Planète est capable de régénérer annuellement. Autrement dit, pour respecter les droits des générations futures nous devrions durant les cinq mois qui viennent jeûner, ne plus consommer la moindre énergie et ne plus nous déplacer !


Ou pour le dire encore différemment, à partir d’aujourd’hui et jusqu’à la fin de l’année nous consommons ce qui appartient légitimement à nos enfants !!! Autant qu’ils ne pourront pas consommer. Et cela fait 50 ans que cela dure. Rien que depuis les années 2000, nous avons consommé 100% de notre part et 7 ans et 3 mois de celle de nos enfants !!!


L’association Global Footprint Network qui calcule le jour de dépassement en actualisant chaque année sa méthodologie et ses données restitue une chronique gloutonne et spoliatrice de l’avenir de nos enfants !


La réalité est terrible et mérite d’être regardée en face : les entreprises d'extraction pompent les richesses du sol d'autant plus volontiers que c'est là une ressource dont personne ne paye le vrai prix puisque le carbone, dont le pétrole et le gaz sont essentiellement composés, n'a pas de prix ou si peu. C'est toute l'ambiguïté de l’équation capitaliste minière qui tire du profit en exploitant des ressources qu’ils prélèvent gratuitement, ne payant que le coup des installations d’extraction. Ainsi, l’air l’eau, les minerais sont des ressources naturelles qui n'ont pas de prix puisqu'elles sont un bien collectif partagé. Dès lors les prélever est un pillage de la collectivité. Au lieu de penser que ce qui n'a pas de prix est hors de prix, les extracteurs de tout bord pensent que ce qui n'a pas de prix à un prix de capture nul.


Les ressources du sol, de l'air, des eaux, l'atmosphère fragile de la terre sont un bien commun. Une gigantesque banque collective. Et aucune règle ne régit son usage. Chacun est soucieux de la propriété privée, mais personne ne songe à protéger la propriété collective en matière de ressources naturelles.


Cette impérieuse et structurelle nécessité de créer de la richesse a fait la force du capitalisme et permis l'essor de nos sociétés dans des proportions et à une vitesse jamais atteinte auparavant dans l’histoire humaine. Elle porte également en germe les limites du système. Ainsi toutes les externalités gratuites, matières premières, eaux, air, et plus largement la capacité de l’environnement à supporter les rejets en tout genre, sont mis à contribution dans cette quête de création de richesse, ce d'autant plus que ceux qui s'en emparent n'en paient pas le prix réel. Si l'on avait intégré dans les raisonnements financiers des acteurs économiques le coût réel des choses, nous n'aurions pas connu un tel pillage des ressources naturelles, une telle pollution, de telles délocalisations avec ses conséquences humaines et urbanistiques. La première limite à la capacité de l’industrie à agir efficacement réside dans son objet même qui n’est pas tourné vers l’optimisation globale, mais vise à la maximisation ciblée du profit de quelques-uns, ce qui sous-tend en corollaire au détriment de tous et de l’intérêt général, ou du moins sans se soucier pleinement de l’intérêt général.


Dire qu’en 2021 nous sommes dans la même situation qu’en 2019 est inquiétant, car malgré la baisse d’activité économique liée à la pandémie et malgré les actions annoncées à grand renfort de communication par les gouvernements nous en sommes au même point !




Au terme d’une procédure judiciaire engagée par 17 000 citoyens néerlandais mobilisés autour de Milieudefensie, la section néerlandaise des Amis de la Terre, d’Aid Pays-Bas, de Both ENDS, de Fossil Free Pays-Bas, de Greenpeace Pays-Bas, la multinationale Shell a été jugée par un tribunal néerlandais responsable « pour ses activités de changements climatiques dévastateurs ». Le verdict du tribunal de La Haye contraint Shell à réduire ses émissions de CO2 de 45 % d’ici à 2030.


Cette décision est historique car c’est la première du genre qui oblige une multinationale à faire sa part de réduction des émissions de CO2. Sur le fond elle est pleine de bon sens. Pour atteindre les objectifs des accords de Paris et limiter la hausse des températures moyennes terrestres à +1,5°C, il faut que toutes les émissions de CO2 diminuent de 45% d’ici 2030, puis qu’en 2050 nous ayons atteint la neutralité carbone. Par ce jugement le tribunal de La Haye demande tout simplement à Shell de faire sa part du chemin, comme tout le monde !


Comme le souligne l’avocat des plaignants : « C’est un tournant dans l’histoire. Ce procès est inédit, car c’est la première fois qu’un juge impose à une grande entreprise polluante de se conformer à l’Accord de Paris sur le climat. Cette décision pourrait aussi avoir des conséquences majeures pour d’autres grands pollueurs. »


Surtout le tribunal affirme que Shell est responsable pour la production et pour l’usage de ses produits. Une claque puissante à un géant pétrolier pollueur ! Il se passe enfin quelque chose du côté des pétroliers. Au même moment Total affiche un changement de stratégie en s’affichant comme un multi-énergéticien… Les jours du pétrole seraient-ils enfin comptés ?


Cette décision de La Haye démontre après d’autres jugements récents que la voie juridique est un chemin supplémentaire pour contraindre les pollueurs et les gouvernements à agir.


Cela démontre la puissance des accords internationaux comme ceux signés lors de la COP21 puisque c’est sur ce texte que c’est appuyé le tribunal pour apprécier la nécessité d’agir. Plus que jamais l’heure est a l'action.




16ème sur 27 au sein de l'Union Européenne, 34ème au niveau mondial, la France, pays des Lumières et de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, n'a pas de quoi être fier de sa place dans classement 2021 de la liberté de la presse. Surtout que celui-ci vient après le classement qui reléguait la France dans le camp des démocraties imparfaites.


Il y a de quoi s'interroger sur la pente glissante qu'emprunte la France s'éloignant à pas comptés de ses valeurs humanistes et progressistes. Lentement mais sûrement nous assistons à un recroquevillement attisé par des discours politiques manipulatoires et des calculs à la petite semaine ne visant qu'à satisfaire que quelques ego dystrophies.


Nous perdons le sens de la mesure, et pire encore la mesure du sens. Dans un monde sans repère ni boussole les bonimenteurs et les marchands de rêves empoisonnés prolifèrent. Nous y sommes.


Et ce qui pourrait être un rempart face à ces dérives, la presse, se relève incapable de tenir suffisamment fermement son rôle. D'une part parce qu'elle est entravée dans sa liberté de couvrir les terrains et sa capacité à enquêter. Mais aussi parce que cédant elle-même à un mal du temps, la course à l'immédiateté et à la facilité, elle prend pour argent comptant les paroles hétéroclites, et infondées souvent, oubliant les fondamentaux de la véracité qui consistent à recouper et vérifier ses sources. Entre les mains d'un petit nombre de détenteurs, amis ou proches des pouvoirs politiques ou économiques, la presse acquiert une propension plus forte à ne pas remettre en question le récit officiel. Surtout inscrit dans la course au profit, la presse se doit de vendre et pour cela de délivrer ce que ses lecteurs attendent.


La liberté ou l'entrave de la presse c'est paradoxalement le citoyen qui la fait en cédant au chant des sirènes ambiantes, les voix des sirènes étant elles-mêmes colportées par la presse. La boucle encore lente, mais elle pourrait s'accélérer, de l'entrave progressive de la liberté est en route.


Il y a urgence à réfléchir à notre démocratie, à la revivifier. Cela passe par une réaffirmation de la liberté de la presse, tant vis à vis des pouvoirs politiques qu'économiques. Un vaste chantier où il y a du grain à moudre.

A propos

Altermonde est un Think Tank qui depuis 2002 a pour projet d’inventer un nouveau monde, équitable, solidaire ; de promouvoir, par une logique de don dans l’espace et dans le temps, une politique de répartition de la richesse, dans le respect de la justice sociale, qui pèse chaque décision à l’aune de ses implications globales, locales et durables.

Abonnez-vous

Merci!

© 2023 par Altermonde.

bottom of page